Avec pour décor la grandiose chaîne des Pyrénées dominée par le pic du Midi
d'Ossau, le superbe circuit béarnais de Pau accueillait les voitures de compétition ayant fait les beaux
jours de ce Grand Prix.
Rappelons qu'il est le seul circuit en ville en France. Il a gardé son tracé inchangé
depuis 1935. Cette année-là, Tazio Nuvolari, le prodigieux pilote italien, a remporté
l'épreuve sur Alfa-Roméo P 3 de la Scuderia Ferrari.
Bien d'autres champions se sont succédé sur ce tracé, de Juan-Manuel Fangio à
Lewis Hamilton, en passant par Jean Behra, Maurice Trintignant, Jim Clark, Jean-Pierre Beltoise, François Cevert,
Jacques Laffite, Ronnie Peterson, Gilles Villeneuve, Alain Prost...
De l'avis unanime des pilotes, ce circuit reste le plus sélectif au point de vue pilotage. Les grandes
courbes traversant le magnifique parc Beaumont suivi du « pifpaf » de la statue Foch,
l'impressionnante descente vers le redoutable virage de la gare, au cœur de la palmeraie, ne laissent aucun droit
à l'erreur. La sécurité est digne des meilleurs circuits de F1. Une grue est présente
à chaque point stratégique, accompagnée d'une équipe de commissaires d'une efficacité
sans faille.
Patrick Peter est à l'origine de ce Grand Prix historique, il nous a annoncé que,
désormais, ce Grand Prix aura lieu tous les ans.
Les spectateurs ne sont pas oubliés, ils sont accueillis, entre autres, sur toute la longueur du
boulevard des Pyrénées... gratuitement ! Pour une somme modique, ils ont accès aux paddocks
(à la signalisation perfectible) où ils peuvent contempler en toute quiétude les voitures, les
pilotes et parcourir la pré-grille de départ !
Les clubs sont accueillis sur les pelouses du superbe parc Beaumont où l'on ne dénombre pas
moins de cinq cents voitures.
Pau sans la pluie ne serait pas Pau et la journée des essais du samedi n'a pas manqué à
la tradition. Le soleil dominical n'en fut que plus apprécié pour assister aux compétitions
regroupant les concurrents en sept catégories : Trophée junior, Trophée légende,
Trophée Argentin, Trophée mini, Trophée de Pau (F1, F2), Trophée Phil Hill, Trophée
formule Ford.
Les spectateurs ne se sont pas fait attendre (on annonce 10 000 entrées payantes) et n'ont pas
été déçus. En effet, les pilotes (dont beaucoup d'étrangers) n'étaient pas
venus pour une promenade de santé, les luttes furent intenses, plusieurs voitures en ont gardé des
traces !
Dans le trophée « Argentin HGPCA pré 1961 », nous avons eu le plaisir
d'assister aux évolutions de deux monoplaces Simca-Gordini (une T15 1,5 l de 1948, une
T16 2,5 l de 1952), la première dotée du moteur 6 cylindres en ligne.
Rappelons que les T15 étaient issues de la Simca 8, alors que la T16 était
intégralement fabriquée dans l'atelier du « sorcier », boulevard Victor, de
façon totalement artisanale et bénéficiait encore de l'aide de Simca.
C'est avec une voiture semblable que Jean Behra remporta deux victoires d'anthologie : le Grand Prix de
Reims en 1952, mettant en échec l'écurie Ferrari, et ici même le Grand Prix de Pau 1954 après
une lutte intense avec la Ferrari officielle de Maurice Trintignant, qu'il dépassa en coupant sur la terre,
à l'épingle du lycée, à deux tours de l'arrivée !
Notons également la présence de la Delahaye V12 avec laquelle René Dreyfus remporta
l'épreuve en 1938, devant les Mercedes... Bravo et merci aux organisateurs, à Patrick Peter et à
son équipe pour leur accueil. Ils ont su nous faire revivre l'enthousiasme que nous avions connu jadis et nous
donner envie de revenir l'année prochaine !
Texte et photos : Pierre Chrétien
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