Grand Prix Historique de Reims 2008

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13 et 14 septembre

Circuit mythique s'il en est un, le circuit de Reims-Gueux est l'un des plus légendaires. Témoin des plus fabuleuses bagarres de mémoire de Grand Prix (et de courses d'endurance), tous les plus grands pilotes s'y sont illustrés. Depuis le très grand Tazio Nuvolari, vainqueur du premier Grand Prix en 1932 jusqu'aux dernières épreuves disputées en 1970, les compétitions ont toujours offert un spectacle d'empoignades mémorables. En effet, avec ses longues lignes droites, le phénomène d'aspiration joue un rôle prédominant et il n'était pas rare de voir trois voitures de front aborder le fameux virage du Thillois !

La redoutable courbe du Calvaire, dénommée testing corner par les anglais, était le point fort de ce circuit ; témoin de drames dont furent victimes plusieurs pilotes, comme Luigi Musso en 1958. Imaginez un instant aborder cette courbe en aveugle, puisque placée après un dos d'âne, le pied au plancher pour les pilotes les plus téméraires, et découvrir en une fraction de seconde cette courbe si redoutée. Mais pendant les 12 heures, c'est la nuit noire qui guettait chaque pilote, après le passage sous la passerelle Dunlop !

Créé en 1926 sous l'impulsion de Raymond Roche, dit « Toto » Roche, tracé entre les villages de Geux, Muizon et le Thillois, il reçut souvent l'appellation enviable de « triangle d'or du sport automobile mondial », et le restera pendant 40 ans. Son infrastructure a toujours été à l'avant-garde :
- Chaque virage possédait une échappatoire et se trouvait doublé pour faciliter le retour en piste.
- 85 stands destinés à recevoir les concurrents dans d'excellentes conditions
- Un monumental pavillon central, dressé au beau milieu des stands, accueillait la direction de course, la presse avec central téléphonique, la police et les secours, avec un bar-restaurant de 400 couverts !
- Un gigantesque panneau de chronométrage pivotant de 180° indiquait aux spectateurs la position des concurrents. Une échelle permettait d'accéder aux panneaux manipulés par un préposé... avant l'informatique ! Pendant les 12 heures de Reims, toute cette zone recevait un éclairage digne du circuit de Singapour !

La fascination qu'exerce cet ensemble, minuscule au milieu de ces étendues désolées n'a pas d'égal. La lumière diffuse du soleil, omniprésent à cette période, ne fait que renforcer l'émotion qui vous saisit.

L'association des « Amis du circuit de Gueux » a donc décidé de faire revivre ces instants enivrants en réhabilitant ces édifices et en organisant la 2e manifestation du week-end de l'Excellence automobile de Reims, les 13 et 14 septembre dernier.

L'accueil des concurrents et de la presse au domaine Pommery fut excellent, merci à Franz Hummel et à son service d'organisation : cela fera quelque peu oublier l'épreuve tout terrain des parkings du samedi, sous une pluie persistante.

La Mercedes-Benz W 196 R, de Formule 1 injection directe, qui permit à Juan-Manuel Fangio de conquérir deux titres de champion du monde en 1954 et 1955, fut incontestablement le clou de ce week-end ; pilotée alternativement par Jean Alessi et Hans Hermann, coéquipier de Fangio en 1954 et recordman du tour pendant le Grand Prix de l'ACF 1954. Notons au passage la gentillesse naturelle et le fair-play de ce champion de 77 ans.

Mais s'il devait y avoir un No 2, ce serait incontestablement la Simca Gordini 23 S de 1949 (devenue Gordini en 1952) de l'Irlandais Edward M. Guire. Son passé historique est l'un des plus fabuleux de cet artisanconstructeur, avec celui de la monoplace que Jean Behra mena à la victoire ici même en 1952, tétanisant la toute puissante écurie Ferrari.

Cette 23 S menait, à 3 heures du matin, le classement à la distance et à l'indice de performance aux 24 heures du Mans 1952, avec un tour d'avance sur la Talbot-Lago de Levegh, et près de deux tours sur la Mercedes-Benz des futurs vainqueurs Lang-Riess, avant que les freins avant ne lâchent !

C'est à son volant encore, qu'ici même, Robert Manzon s'envolait vers la victoire après avoir réalisé la pôle position et le record du tour, quand la fusée de la roue avant gauche se brise net au freinage du Thillois, la Gordini cisaillera un gigantesque poteau électrique. Par miracle, le pilote a sauté juste avant le choc.

On constatait sur l'épave que la colonne de direction avait transpercé le dossier du siège...

De nombreuses autres voitures s'étant illustrées ici même complétaient le plateau parmi les quelles une Maserati 250F formule 1, de couleur verte, ayant couru avec Roy Salvadori à son volant; des Jaguar type C et D, une Lister-Jaguar, de nombreuses Bugatti, AC Cobra, Ford Mustang sans oublier, bien entendu, les Ferrari, dont la GTO qu'a piloté Lucien Bianchi.

Le samedi après-midi, une pluie persistante nous a offert le spectacle impressionnant des gerbes d'eau soulevée par les voitures. Mais quel bonheur dimanche matin de voir apparaître les rayons bénéfiques du soleil.

Edward M. Guire et sa Gordini se sont trouvés très entourés, lorsqu'ils se sont présentés accompagnés d'une charmante coéquipière, arrivée, semble-t-il, tout droit d'Hollywood...

Le bonheur qu'ils affichaient faisait plaisir à voir.

Leur passage à la chicane était particulièrement spectaculaire, ce qui ne semblait pas déplaire à Colette ! (voir sur la photo)

L'après-midi, la patrouille de Ile-deFrance traversa la piste en laissant leur empreinte tricolore, précédant le départ de Hans Hermann au volant de la prestigieuse Flèche d'argent, qui, suivant l'usage dans le milieu de la course, « ne faisait pas dans la dentelle » ! Il avait annoncé la couleur avant de partir.

La joie qu'il affichait en descendant de son bolide faisait plaisir à voir. Il venait de se faire un énorme plaisir.

Bravo aux organisateurs et vivement la 3e  édition de cette manifestation mémorable.

Texte et photos : Pierre Chrétien

Simca Gordini 23 S

Sur la ligne de départ

Simca Gordini 23 S

Passage à la chicane

Simca Gordini 23 S

Premier à l'arrivée !

Simca Gordini 23 S

Examen des freins qui ont (peut être) coûté la victoire au Mans en 1952...

Simca Gordini 23 S

La Simca-Gordini de profil

Simca Gordini 23 S

Edward M. Guire, l'heureux propriétaire et sa compagne Colette. Leur bonheur fait plaisir à voir !

Simca-Fiat 6 cv

Simca-Fiat 6 cv roadster sport

Cathédrale

La très belle cathédrale de Reims

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