Pas facile de trouver une date dans le calendrier chargé de cette année 2007 pour y caser une
sortie. Pas trop tôt après le National pour laisser souffler un peu pilotes et mécaniques. C'est
finalement le week-end du 16-17 juin, en plein second tour des élections législatives, qu'ont
été conviés les Simcaïstes de la région à rejoindre le village de Grignan dans
la Drôme provençale, à l'appel de notre adhérent Claude Ginoux. Beaucoup de rhônalpins
mais aussi quelques auvergnats et des provençaux bien entendu.
Au National, il n'y avait encore que six inscrits (ce qui fait déjà un beau rassemblement, soit
dit en passant) mais bonne surprise ce samedi matin puisque dix-sept équipages étaient au rendez-vous sous
les platanes par une belle journée comme on les aime. Et quatre supplémentaires nous rejoindront le
dimanche. Pas mal, de quoi dissiper les risques de mort subite de l'organisateur ! Un seul regret cependant :
que des modernes, oserais-je dire. Point d'Ariane, de Chambord, de Simca 5, 6 ou 8 ou de vieilles Aronde. Je suis
mauvaise langue car il y avait tout de même heureusement deux Plein Ciel et des 1200. L'honneur est sauf. Et puis
venu en Rancho, il n'y a pas de quoi trop critiquer. Bref, pour le reste des véhicules, Rallye 3, 1100, Horizon,
Samba, 1510, Talbot Wind plus une CG et une Saab 96 venues en renfort. Renfort d'ailleurs des clubs locaux de Nyons
(Rétro Bolides de Nyons), de l'AVE (Anciens véhicules de l'Enclave), de Virus Auto de Vaison-la-Romaine,
de l'Amicale CG, du SRT et enfin du Club Bertone. Pas de sectarisme donc.
À l'arrivée, Claude nous distribue le petit cadeau de bienvenue comportant de la lavande pour
parfumer nos vieilles guimbardes et une bonne bouteille. Sympa. Respectant la tradition, les Cuaz arrivent bons derniers
avec les Crémonesi qui s'étaient un peu égarés à Crest. Il est 11 h 45. Les
festivités peuvent commencer.
Le programme est chargé : apéritif, sieste, farniente, le tout entrecoupé
d'insupportables visites culturelles ou repas gargantuesques et de danses autour des voitures.
On commence par faire sauter les bouchons et sortir les repas des sacs. Faut pas traîner, nous sommes
attendus à 14 h 30 pour la visite du château. Inutile de dire que les quelques breuvages
ingurgités ont ralenti la course prévue dans les escaliers qui comptait pour la qualification finale. En
haut, superbe panorama sur la région, avec vue sur le Ventoux et au-delà.
Pour reposer et refroidir les cerveaux qui viennent de prendre un cours d'histoire, il faut maintenant rouler,
si possible les cheveux au vent. Direction le Mont Ventoux, comme promis. Le convoi emprunte les petits routes de
l'arrière-pays, tortueuses à souhait, un régal en anciennes. Premier arrêt à la cave
près de Nyons pour une dégustation avec modération. Nous y perdons Alain Proton, qui s'était
arrêté pour prendre de l'essence, qui file directement vers la montagne, persuadé que nos vieilles
charrues sont déjà au sommet. Il doit croire que nous avons tous des moteurs de Rallye 3 sous le capot...
Il en sera quitte pour nous attendre quelques heures car nous prenons notre temps.
Arrêt à la source au pied du Mont pour les ablutions rituelles et en route pour l'ascension.
1500 m de dénivelé, avec des pentes à plus de 10 %, de quoi faire cracher les tripes aux
mécaniques. Un peu de sport, ça décrasse. Evidemment, les sportives s'élancent en premier,
faut montrer aux copains que la dernière bidouille qu'on a installé sous le capot (genre turbo-double
compresseur-quadruple corps avec soupapes hydrauliques, que dis-je, atomiques), ce n'est pas que de la frime. En
lice : Rallye 3 (enfin non, elle est déjà au sommet), Samba Rallye et 1200 S. On ne vous dira pas qui
a gagné, ça évitera de froisser les susceptibilités.
Les plus sages s'arrêtent à l'hébergement, quelques centaines de mètres plus bas,
au Mont Serein. Au sommet, les quelques courageux prennent le frais au milieu des cailloux.
Retour à notre hôtel, une ancienne église transformée en centre de vacances. Rien
que pour nous. Installation rapide dans les dortoirs : à gauche, celui des ronfleurs, à droite, celui
des ronfleurs. Faites votre choix mesdames et bonne nuit (n'est-ce pas Éliane qui a soigneusement compté
toutes les heures ?). Il faut voter pour celui qui fera le plus de bruit. Bon, j'avoue qu'étant
généralement dans le trio de tête, j'ai préféré ne pas concourir et aller
dormir dans la Rancho, au calme, laissant la possibilité à quelqu'un d'autre de remporter la
médaille et évitant à Éliane de compter les demi-heures...
Soirée très conviviale avec repas simple suivi d'une soirée dansante animée par
des locaux qui s'occupent d'une radio libre.
DIMANCHE Réveil à l'aube pour ceux que les ronflements ont tiré du lit, au milieu d'un
paysage superbe, au calme, loin de tout. Après le petit déjeuner, courte balade digestive et en route pour
la grande descente vers la plaine provençale. Au pied du Ventoux nous rejoignent enfin une P 60 et cerise,
une avant-guerre en l'occurrence une Simca-Fiat 6 cv.
Nous repartons pour écumer les petites routes. Halte pour une photo de groupe au col avec en fond les
dentelles de Montmirail. Et le convoi repart vers Beaumes de Venise où un arrêt à la cave s'impose
pour faire le plein de spécialités locales. Un petit quart d'heure car le club de Valréas nous
attend pour un apéritif de bienvenue au centre aéré. Dommage que nous n'ayons pas le temps de nous
arrêter dans les superbes petits villages accrochés à la montagne.
Nous retrouvons d'autres passionnés d'anciennes avec un accueil chaleureux. Un très bon
déjeuner clôture cette journée tandis que le vent se lève et que le ciel s'obscurcit mais
sans lâcher ses furies. Que du beau et du bonheur.
Claude Ginoux et sa petite équipe auraient mérité la holà mais honteusement, nous
n'y avons même pas pensé. Les plus pressés sont repartis accomplir leur devoir électoral
tandis que les autres s'attardaient encore un peu autour d'un café.
Pour ma part, retour par le chemin des écoliers (comme d'habitude) avec trois rencontres Simca :
une 1300-1500 premier modèle dans la cour d'un garage près de Romans, auto visiblement abandonnée
depuis des lustres, puis une 1100 à vendre sur le bord de la route à Lens-Lestang, au sud de Beaurepaire
(assez malade au niveau des supports de crics avant) et enfin une Rancho rouge pompier avec gyrophare bleu,
fonçant à tombeau ouvert, que je n'arriverai pas à stopper, malgré une course poursuite sur
10 km et des appels de phares. Une urgence, probablement...
Dis, Monsieur Claude, quand recommences-tu ? On n'a pas eu le temps de tout voir et de tout
goûter...
Texte et Photos : Bruno Lacoste
Amusant : parmi les participants, on recensait un peu tous les stades de la vie d'une Simca, de sa
fabrication à la course auto, en passant par l'agent vendeur et le réparateur. Retour aux sources pour le
doyen des participants 86 ans, venu pour la première fois au Ventoux en 1956 mais en 2 CV, tout en
première, et cette fois en tant que passager de la Talbot Wind.
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