type de voiture :
date de création du modèle :
L’Aronde, « la meilleure voiture du Monde »
On a oublié comme au milieu du XXe siècle, la sortie de l’Aronde fut ressentie comme un formidable bol d’air dans le paysage automobile français. A côté des modèles d’avant guerre, la production française semblait se complaire à produire des modèles austères.
La nouvelle Simca voulue par Roger Fighiéra, Léon de Rosen et H.T Pigozzi fut définie pour la première fois par sondage auprès des automobilistes et futurs automobilistes français de l’après guerre. Ce fut H.T Pigozzi qui fixa pour le cahier des charges, le poids avant toute chose : ancien ferrailleur, celui-ci connaissait la valeur de l’acier. Il en découlait donc logiquement le prix de vente, la motorisation, l’encombrement et les performances.
Les études avançant rondement, les « mulets » sont testés dès 1948, ce qui par retour permit de doter la Simca 8 d’un nouveau moteur !
Quand au style, les français voulaient quelque chose de nouveau et de moderne pour ce début des « 30 glorieuses » et des lendemains qui chantent : ligne « ponton » intégrale, pare-brise galbé (le 1er de série disponible en France), tableau de bord futuriste…
Les carrossiers français firent leurs propositions, celles retenues étant tempérées par les ingénieurs de Budd pour les possibilités d’emboutissage, les stylistes « maison » les affinant, mâtinés d’influence transalpine et d’outre-Atlantique : un cocktail bien français, très élégant.
Le développement de la Simca 9 représentait un investissement de 6 milliards et demi de francs, comprenant les aides du plan Marshall et la réorganisation complète de l’usine de Nanterre.
L’Aronde, présentée le 31 mai 1951 représentait le rêve de l’automobiliste moyen… Sauf que cet « automobiliste moyen » n’existait pas encore et si l’Aronde était le milieu automobile, posséder une voiture était encore une marque de réussite sociale : bien heureux était l’ouvrier qui possédait déjà un scooter et la bicyclette était un rêve de jeune homme !
Son statut de « voiture de rêve » était conforté par ceux qui étaient en charge de sa « réclame » : rien que moins que le photographe Robert Doisneau ou le cinéaste Jacques Tati !
C’est au fil des années que l’Aronde devint une voiture populaire : le modèle de base était affiché 675.000 Ff en 1951 et 6.450 Nf en 1964, soit un prix divisé par deux en tenant compte de l’inflation !! Ceci ne pouvant se faire qu’au fil des modifications et rationalisations de production. A ses début l’Aronde fut soit la voiture de famille (aisée) pour la sortie du dimanche, soit au contraire celle du voyageur de commerce.
Simca 9 Aronde Berline
Evoluant pour rester « à la mode », sa clientèle s’élargit aussi, signe des temps. Déclinée soit en laborieuse intendante (version plateau bâché) tant en haut de gamme, Simca 9 sport,
Simca 9 Sport 1952
évoluant en « Coupé de Ville » et cabriolet « Week-End » dont l’égérie ne fut ni plus ni moins que Brigitte Bardot sous l’objectif de Vladimir Cosma !
Simca 9 Sport Coach Figoni 1954
Aronde 1300 cabriolet Week-End, 1956, carrossée par Facel
Ces modèles évoluèrent ensuite avec une ligne plus tendue, un pare brise panoramique et une motorisation toujours plus évoluée en coupé « Plein-Ciel » et cabriolet « Océane ».
Simca coupé Plein Ciel
Simca cabriolet Océane
Ironie de classes : l’Intendante comme l’Océane étaient sous-traitées chez FACEL S.A ! Tout le reste de la grande famille Aronde était construit à Nanterre tout d’abord, puis à Poissy lors du basculement de la gamme en P-60 : le P étant aussi synonyme de Poissy… En comptant donc Nanterre et Poissy, ce fut au total plus d’une dizaine d’usines qui produisirent l’Aronde : en Suède, en Australie, au Brésil, au Chili, au Maroc (aux côté des camions Berliet), en Grande Bretagne. Simca fut très longtemps le 1er exportateur français automobile et l’Aronde fut sans doute la voiture française la plus exportée à cette époque.
Reconnaître les différents millésimes :
Simca 9 1951/53 : Calandre « podium », feux arrière avec cabochons sur embase en zamac chromé, moteur 1221cm3, tableau de bord en bakélite marron.
Aronde 53/54 : Calandre à moustaches arrondies, feux arrière en plastique.
Aronde 55 : Roues de 15’ remplacées par des 14’, nouveaux ponts arrière et trains avant, moteur « Flash » de 1290cm3 sur les tous deniers modèles.
Aronde 56/58 : « Ligne Océane » avec calandre débordante, casquettes de phares, ailerons arrière et coffre moins arrondis. Tableau de bord en tôle en 2tons.
Aronde P-60 (1958/60) : Caisse entièrement nouvelle aux surfaces vitrées plus importantes, casquettes de phares proéminentes dans le style des Chambord, grande calandre style « gueule de requin », ailerons arrières débordants, toiture plate nervurée au centre, casquette au dessus de la lunette arrière panoramique (pour les coach,berlines puis « Plein-Ciel »). Tableau de bord nouveau avec compteur horizontal (ruban à défilement) et emplacement auto radio. Modèle « Etoile » de 6Cv avec « Flash 6cv » de 1090cm3 et 42Cv. Sur les P-60, les modèles reçoivent des baguettes selon la finition, toujours à décrochement (fines sur les Etoiles, larges et dorées sur les Monaco).
Aronde « Rush » (1960 à 1964) : Moteur 5 paliers « Rush » à couvre culbuteur rouge et épurateur centrifuge en bout d’arbre, baguettes de caisse fines et rectilignes. Compteur de vitesse horizontal à aiguille. Peinture gris métal et intérieur en Naugahyde blanc sur « Monaco Spécial » et « Monthléry Spécial » à moteur « Rush Super M » de 70Cv.
Jean-François BERTHE
Simca 9 Aronde Berline
Simca 9 Aronde Élysée Matignon 1957, une des rares survivantes sur les 200 produites environ
Intérieur luxueux Moteur 1221 cm3
Simca P 60 Berline
Quelques documents d'époque
Simca 9 1951
Simca Aronde 1955
Simca Grand Large 1955
Simca Surbaissée 1955
Simca Aronde Grand Large 1956
Simca Aronde 1956
Simca Châtelaine 1961
Simca 9 sport 1953
Simca coupé Plein Ciel Présérie 1956
Saines lectures :
Aronde Le Grand Livre de Michel G. Renou
La Simca Aronde de mon père de Dominique Milleron
Simca, de Fiat à Talbot de Michel G. Renou
Guide Simca, tous les modèles de 1934 à 1964 de Bruno Poirrier.
Simca, l'aventure de l'hirondelle, Adrien Cahuzac